NOVEMBRE 1591.                               207
exprés pour en congnoistre; qu'il feroit justice aux uns et aux autres, et s'y gouverneroit ensorte que les gens de bien auroient occasion de s'en contenter. Cela dist-il d'une façon assez renfrongnée, comme si la harangue de Senault lui eust esté peu agreable; lequel regardant d'un assez mauvais œil, lui dist enfin, pour ce qu'il approchoit un peu bien pres de son cheval, se mettant comme entre ses jambes pour tousjours lui parler : « Vous vous ferés blesser y je vous prie, retirés vous. » Dequoi Senault bien fasche s'en alia, et le jour mesme dit à son curé qu'il avoit bien congneu, à la contenance et paroles du duc de Maienne^ qu'il ne couvoit rien de bon, et qu'il avoit quelque mauvais dessein contre eux , en sa teste.
Ledit Senault n'estoit à Paris quand l'execution s'y fist ; mais il y revinst le jour mesme trois ou quatre heu­res aprés que le jeu y eust esté joué : dont il fist bien fasche, et dit aux Seize qu'ils avoient tout perdu d'avoir fait ce qu'ils avoient fait, non qu'il ne le deust faire, mais en toute autre .forme et maniere que celle qui y avoit esté observée. Et comme il estoit madré et dissi­mulé jusques au bout, se doutant du malheur qui-e» adviendroit, disoit tout haut et crioit qu'il eust voulu qu'il lui eust cousté rai bras, et que ce qui estoit advenu. n'eust point esté fait, non que pour trois il n'eust bien desiiéqu'iiy en euât ra trois cens, voire trois mil? iqais' pour la consequence, laquelle il craingnoit, estant lecKt Senault de tous les Seize leiplus meschant, mais le plus fin et le plus advisé, ll-alla voip M. le procureur general Molé, exprés pour lui tesmoingner le j desplaisir qit'ii avoit reçu d?un si meschant acte s-Iequely s'il eust esté en ceste ville, il eust btwfcempeBchéyàWqti'illuidisofc'.
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